En séjournant en Casamance, nous croiserons plusieurs fois le Wallis, ce bateau qui relie Ziguinchor à Dakar deux fois par semaine. Mis en service depuis un mois seulement, il remplace le Joola qui avait dramatiquement sombré en 2002, faisant plus de 1800 morts et isolant la Casamance et ses habitants de la capitale du Sénégal. Une véritable vie s'organise sur le fleuve : les eaux très poissoneuses favorisent le travail des pêcheurs (nous dégusterons des soles, de la lotte et des gambas achetés pour une bouchée de pain) mais le fleuve est aussi le moyen de transport le plus économique et le plus pratique pour rallier un village à un autre. Hélés par une pirogue à la limite de la flottaison, encombrée d'un chargement très hétéroclite : passagers, dont un bébé de quelques mois, jerricans d'eau, vivres et même animaux (on entendait les cris de porcinets enfermés dans des bâches et probablement assez malheureux de leur sort) , nous avons pratiqué la version Casamançaise de l'auto-stop en les remorquant quelques milles... Cette remontée du fleuve nous a permis aussi de mettre à jour la décoration du bateau. Même si rien ne nous plonge dans l'ambiance de Noël, cette date approche et les enfants ont fabriqué moult guirlandes, angelots et étoiles du berger ...
Une fois dans ce village, et pour éviter de sombrer dans une nippone-attitude trop prononcée, nous avons décidé de ne pas nous éparpiller, mais de passer à Niomoune tout le temps que nous laisserait une indispensable halte à Ziguinchor, la capitale de la Casamance, où nous devions officialiser auprès des autorités sénégalaises à la fois notre arrivée dans la région et celle du matériel que nous transportions. Profitant de notre séjour “en ville” nous avons refait les pleins d'eau, de gazoil et de vivres frais, accélérant le CNED des filles pour pouvoir envoyer leurs évaluations en profitant des services postaux du Sénégal, qui ont bonne réputation.
Casamance
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Trop court, trop court, ce voyage !! De plus en plus nous nous faisons l'effet de touristes japonais en goguette à Paris : vite on descend du car, vite on photographie tout ce qui se présente et vite on remonte dans le car pour passer à la suite, frustrés ... Nous avons séjourné près de deux semaines en Casamance, trop peu tant cette région nous a plu. Après deux haltes très courtes à l'entrée du fleuve, notre bateau nous a conduits à Niomoune, petit village posé au bord d'un bolong, dans lequel nous devions livrer du matériel scolaire à un jeune instit français. Il y passe en effet une année “sabbatique” pour redynamiser une bibliothèque devenue depuis quelques années un “garage à livres” selon ses propres termes. Grâce à Yassinthe, le relais en Casamance de l'association qui nous a conduit là-bas, notre accueil dans ce village fut exceptionnel. Imaginez une foule d'enfants au bord du bolong, dansant et chantant pour nous pendant que nous empilions dans notre annexe un monticule d'emballages menaçant de nous faire chavirer. Une fois à terre, c'est en procession, un carton sur la tête ou dans les bras, toujours chantant et dansant, que cette joyeuse colonie s'est égrenée dans le village. Nous attendait un comité d'accueil, composé du chef du village, de son adjoint, de l'ensemble des instits de l'école et de la représentante des parents d'élèves (on se croirait en France). Au delà des remerciements très chaleureux qui se sont exprimés (nous laissant un peu pantois car une fois dans le bateau tous ces cartons se sont gentiment fait oublier) cette petite réunion visait à officialiser la présence de tout ce matériel scolaire dans le village, et éviter ainsi que quiconque s'approprie un chargement si précieux... On n'est jamais trop prudent !
Depuis le mouillage, notre vue du village de Niomoune
Allô, le CNED ?? J'ai besoin de vos conseils ...
Fabien reprend les études qu'il avait interrompues, et se met à l'italien avec Sybil ...
Le mouillage de Ziguinchor, pas mal non plus ! On y voit des dauphins peu farouches qui passent entre les bateaux ancrés là.
Djogué, village de pêcheurs à l'entrée de la Casamance
Puis nous avons retrouvé Niomoune, son paisible mouillage et ses habitants. Le village est très pauvre et l'on y vit en quasi autarcie. On n'y trouve qu'une toute petite échoppe par quartier qui vend un peu de pain et quelques produits d'épicerie très basiques, mais aucun produit frais, ni fruits ni légumes que les habitants consomment très peu, à moins de s'approvisionner à Ziguinchor qu'une pirogue relie deux fois par semaine. Les eaux poissonneuses du bolong et les rizières du village assurent l'essentiel de leur subsistance, quelques poules et canards et cochons s'ébattent ça et là, et l'on tue parfois un des rares boeufs des villageois lors d'une grande occasion. Guidés par Yassinthe et par le chef du village, nous tenterons d'approcher leur mode de vie, leurs coutumes, l'importance de leurs rites et leurs croyances animistes, la manière collective dont toutes les affaires du village sont gérées.
Récolte du riz. Hommes et femmes travaillent séparément et avalent des litres de vin de palme pour se donner du coeur à l'ouvrage.
Au moment des récoltes, les enfants, dès 8 ou 9 ans, désertent l'école pour aider leurs parents
Le chef du village nous montre comment grimper pour récolter le vin de palme
Un des nombreux fétiches qui jalonnent Niomoune
Sissi s'est taillé un franc succès auprès des enfants de la bibliothèque
Nous aurions voulu rester davantage. Une grande fête se préparait pour la fin de l'année, à l'occasion de l'ordination d'un des enfants du village, dont la première messe devait y être célébrée. Mais nous avions rendez-vous au Cap Vert avec nos copains Stellina, qui y faisaient un crochet avant de rallier le Sénégal à leur tour, pour fêter Noël avec nous. Des japonais, on vous dit ...
Yassinthe aux commandes de Tahoma
Le campement de Yassinthe.
Nous avons remonté les bolongs en annexe, et découvert l'incroyable faune qui vit en Casamance.
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