Tenerife
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Changement de décor (nettement moins paradisiaque, n'est-ce pas ??). Nous recevons de temps en temps des messages étonnés d'amis ou de famille surpris que notre parcours soit si idyllique ... Eh bien que ces sceptiques soient rassurés, tout n'est pas rose dans un voyage comme le nôtre et nous avons eu notre quota d'ennuis (notre pain noir ???) Sur le papier, notre escale a Tenerife a tout eu d'un pensum : l'ordinateur du bord a sombré aux abonnés absents (les disques de ré-installation sont bien sûr restés à Paris), notre pilote automatique a accusé une panne sérieuse à l'entrée du port de Santa Cruz et nous avons dû lui offrir un aller-retour en France. Bilan : une fortune dépensée pour un séjour de 4 heures seulement dans l'atelier du fabricant, et un pilote revenu ... en panne. Et bien sûr notre nouvelle grand-voile est arrivée 15 jours après nous, ce qui nous a permis de découvrir les réjouissantes formalités des douanes canariennes, qui acceptent les subventions de l'Europe mais ne s'embarrassent pas de ses contraintes. Pour nous parisiens encore dopés à l'efficacité, ce type d'attente est exaspérant. Mais nous apprenons la patience, et tentons de tirer le meilleur profit de cette escale. Fabien a bricolé en quinze jours comme jamais il ne l'avait fait de toute sa longue vie, réparant moteurs, coques, hublots, pilote bien sûr et effectuant tous les aménagements dont le bateau avait besoin, comme par exemple l'installation des moustiquaires qui nous protègeront du palu au Sénégal.
Sissi et ses petites mains furent mises à contribution pour aller récupérer une pièce dans un endroit inaccessible ...
Sybil découvre les difficultés du métier de coiffeur
Fabien : combien d'heures passées dans ce placard ?
Peter, notre ami autrichien. Il sait tout faire et a appris à Fabien à réparer l'epoxy.
Mais si nous avons vécu ces corvées sans trop pester c'est qu'il régnait sur notre ponton une ambiance qui nous a énormément plu, celle d'un quartier avec ses habitudes et ses rituels, observés ou partagés par l'ensemble de ses habitants . Tous les bateaux ou presque étaient logés à la même enseigne, réparant ce qui devait l'être ou achevant de se préparer avant le Cap Vert ou le grand saut de l'Atlantique. Nous avons parlé anglais, allemand, espagnol et même belge, grâce à trois jeunes étudiants fort sympathiques qui ont arpenté notre ponton à la recherche de bateaux prêts à les embarquer vers les Antilles. Ils ont élu domicile sur les filets de notre catamaran et passé avec Hugo et Sybil le plus clair de leur temps. Nous avons fait la connaissance de nombreuses familles de tous pays, de jeunes retraités hyper dynamiques, de célibataires voyageant seuls et tout ce joyeux mélange a donné lieu a de nombreux pots, goûters, diners à bord de Tahoma ou d'autres bateaux. Nous nous sommes particulièrement liés d'amitié avec un couple d'artistes autrichiens qui voyagent pour 5 ans avec leur petit garçon de 6 ans. Elle, Alexandra, est comédienne, sait chanter et danser et a laissé en Autriche une vie qu'elle adorait. Lui, Peter, est orthodentiste mais part pour renouer avec ce qu'il aime, la peinture et la musique. A eux deux, ils composent une comédie musicale qu'ils espèrent monter à leur retour. Alexandra, pendant son voyage, rassemble des témoignages de femmes de voyageurs et compte en faire un livre. Peter a construit son bateau lui-même, il sait tout faire et a passé deux jours a apprendre à Fabien comment réparer ses coques. Nous avons passé beaucoup de temps avec eux et nous sommes jurés de nous retrouver à Tobago, Vienne ou Paris.
Alexandra, Peter et leur fils Finn
Gérard, jeune retraité de la marine (à 45 ans !!) , sa femme Claudia et leur fils Vincent, qui partent en CDI... Nous les avions rencontrés par hasard au salon nautique l'hiver dernier
Petite scène de la vie quotidienne, les filles partent prendre leur douche à la capitainerie
A Santa Cruz, nous avons mené une vie de citadins, redécouvert les hypermarchés Carrefour, Ikea, Leroy Merlin et Décathlon (c'est bien pratique tout de même, ne crachons pas dans la soupe !!). Nous avons pris des habitudes chez quelques petits commerçants, nous connaissions les heures d'ouvertures de La Poste et des musées ainsi que les horaires des messes et des bus, nous nous sommes retrouvés dans des embouteillages, bref nous étions presque chez nous. Notre seul regret est de ne pas avoir pris plus de temps pour visiter cette île. Chaque jour devait nous apporter notre voile puis notre pilote, et nous ne nous sommes autorisés qu'une seule escapade. Elle nous a conduits au pied du Pico del Teide, un volcan de 3 718m qui fait de ce sommet le plus haut de l'ESpagne. Cette balade a valu à Mahault et Sissi une extraordinaire leçon de géologie “in vivo”. Ce mont, situé au coeur d'un parc naturel très préservé, garde en effet intactes les traces de ses dernières éruptions : coulées de lave, projections de bombes, de scories et de pierres ponces sont encore extrêmement visibles.
Le Teide en arrière plan
Promenade dans un champ de pierre ponce
Ces deux-là ne se quittent plus
Vivre en touristes est une activité dans laquelle nous avons mis tout notre coeur. Pour le vérifier, cliquez ICI
Nous avons donc tenté d'alterner corvées et réjouissances. Au chapitre des corvées, encore, cet énorme plein de vivres restera dans nos annales. Partis au petit matin avec Hugo et Sybil, nous sommes rentrés en début d'après midi après avoir rempli chez Carrefour moult caddies chargés de nous nourrir au Sénégal, au Cap Vert et pendant la traversée de l'Atlantique, en tenant compte d'éventuels pépins (panne de vent, démâtage ???). Là encore, vive la ville et ses atouts : Carrefour nous a livrés directement sur le bateau, sous l'oeil désapprobateur de Fabien, car Tahoma s'alourdit à vue d'oeil et qu'un bateau lourd est un bateau qui n'avance pas ! Notre ticket de caisse, long comme une guirlande de Noël, totalisait par exemple 80 kg de farine (puisque nous avons maintenant un boulanger à bord) 40 litres de lait, 30 kg de sucre, 120 oeufs, 20 kg de pâtes, 30 mottes de beurre et 50 kg de riz (rassurez vous, grâce à notre pêche nos menus seront très variés ...). Au chapitre des réjouissances, nous avons pu assister à un concert de jazz exceptionnel, donné en pleine rue par un groupe de Los Angeles. Il faut dire qu'en novembre la saison touristique des Canaries bat son plein et la municipalité organise nombre de festivités pour séduire ses clients. Mahault et Sissi, qui ne connaissaient que les concerts d'Hugo, ont été ravies de veiller si tard, chaperonnées qu'elles étaient par leurs chevaliers servants, Gaëtan et Antoine, deux étudiants que nous avions connus à Graciosa et qui s'offrent un tour d'Atlantique. La tendance très naturelle de Mahault à s'agiter dès que sonnent quelques notes de musique se confirme : il y a de la graine de noceuse dans cette petite fille là !
Accompagnés par Vincent, un petit copain du ponton qui a joué pendant notre notre séjour le petit frère de substitution de Mahault et Sissi, nous sommes allés visiter le musée d'Histoire Naturelle de Santa Cruz. Il présentait une expo assez intéressante sur les Guanches, les habitants des Canaries qui, en raison de leur isolement, vécurent de manière primitive jusqu'à leur découverte par un français, Jean de Béthencourt, venu coloniser ces îles en 1402. A l'aube de la Renaissance en Europe, les Guanches vivaient encore à l'âge de pierre, habitant dans des grottes, se vêtant de peaux de chèvres et de chamois, ignorant même comment travailler le fer, découvert alors depuis plus de 2500 ans en Occident ! La plupart des Guanches furent faits prisonniers et réduits à l'esclavage par les colons français puis espagnols. Leurs traditions disparurent peu à peu et aujourd'hui seules quelques unes perdurent, conservées et transmises essentiellement par les bergers canariens.
Jean-Paul Gauthier en plein travail. La moustiquaire, nouvelle tendance de l'hiver 2005/2006
Puis vint le temps de faire nos adieux. Tout était rentré dans l'ordre, la météo était favorable et puis le Sénégal nous attendait. Nous étions impatients de quitter ce monde qui ressemblait trop à celui que nous avions quitté et de vivre le premier grand choc culturel de notre voyage. Pour faire nos adieux à cette ville, nous nous sommes offerts une petite soirée tapas dans un restaurant aménagé dans une des rares maisons anciennes de Santa Cruz. La veille de notre départ, Alexandra et Peter nous ont conviés à une soirée autrichienne sur leur bateau. Au menu, des trucs imprononcables mais délicieux, échanges de compliments sur nos livres de bords et présentation de nos familles respectives par l'intermédiaire de nos albums photo... Le jour J, tous nos voisins de quartier se sont réunis sur le ponton pour nous faire de grands adieux (et libérer nos aussières...). Ce fut assez émouvant ...
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