Après que nous avons quitté nos amis de Ulysse et de Syrakko, une page du voyage s'est tournée. La première partie se finit, et nous en entamons une nouvelle, faite de destinations et d'amis différents. Depuis Antigua, nous avons redescendu l'arc Antillais afin de gagner Trinidad : la saison des cyclones approchant, nous devions gagner des zones situées plus au Sud, normalement épargnées. Une fois encore, nous pensions passer une petite semaine à Trinidad, juste le temps de faire faire nos visas pour les Etats-Unis et d'acheter du matériel pour le bateau en prévison des travaux que nous envisagions de faire au Venezuela. C'était compter sans la visite de Murphy, grand copain des Stellina, venu faire un petit tour chez nous : le lendemain de notre arrivée à Chaguaramas, un mouillage sale et entouré de chantiers qui nous donna juste l'envie de le quitter le plus vite possible, Papa se rendit compte au cours d'un examen de routine, que le carter du moteur babord était foutu (j'ai cru comprendre que le carter contient l'huile qui graisse le moteur et fait en sorte que celui-ci ne surchauffe pas). Panique à bord!! Papa, qui envisage le pire immédiatement, pense qu'il devra sortir le bateau de l'eau pour réparer le moteur. Il fait donc décaler de 10 jours nos billets d'avion pour le Pérou, où nous comptons passer 2 mois cet été, et commence sa tournée des chantiers afin de trouver le plus avantageux. Et comme on est obligés de le sortir, pourquoi ne pas en profiter pour faire à Trinidad les travaux prévus au Venez ?
Trinidad
[./whiterings_indexpag.html]
[./escalespag.html]
Finalement, en allant avec les filles à la piscine d'un club de voile situé dans une baie voisine, Papa fait la connaissance de Nigel, un anglais de Guernesey, qui lui assure qu'il n'est pas nécessaire de sortir le bateau de l'eau, et que soulever le moteur dans sa cale à l'aide de palans de grand voile est suffisant pour faire la réparation. Ouf! il semble que Murphy ne se soit pas plu sur Tahoma : on ne l'a plus revu. Nous avons donc quitté Chaguaramas-la-sale pour mouiller dans Chaguaramas-la-calme, où se trouve le club de voile. Calme... on a bien cru qu'elle le serait! Nous sommes arrivés là un vendredi, et nous avons enfin compris pour quoi la night life de Chaguaramas était vantée dans les guides touristiques, et découvert qu'on pouvait produire un son aussi fort que celui qui nous "berça" pendant cette nuit. Michael Jackson au Parc des Princes ne ferait pas plus de bruit ! Heureusement le DJ fou à lier n'officie qu'un soir par semaine, et nous avons profité du calme de ce mouillage. C'est à Trinidad que nous avons eu le plus chaud de notre vie, car pas un souffle d'air ne nous parvenait. Papa passa beaucoup de temps coincé dans la cale du moteur, au soleil et avec encore moins d'air que nous pour se rafraîchir.
Malgré tous ces éléments qui auraient pu nous rendre l'escale franchement désagréable, nous avons eu de bons moments. Les filles passaient leurs journées à la piscine ce qui me permit de peaufiner mes arrivages aux pontons en annexe, car les allers-retour étaient fréquents. Nous avons visité Port-of-Spain, la capitale, que nous rejoignions en maxi-taxis, des fourgonettes pouvant accueillir 12 passagers et coûtant une bouchée de pain (ils sont présents dans toutes les Antilles excepté les îles françaises, et je trouve que ce concept devrait s'exporter, car c'est utile et marche très bien. Je doute toutefois que nous supportions autant que les Trinis les tonnes de décibels crachées par les sonos hyper puissantes qui y diffusent constamment du reggae à la sauce disco ). La ville n'a franchement pas grand intérêt, excepté les magnificent seven, de grandes maisons construites par de riches planteurs au début du 20° siècle. Vraiment jolies, elles sont malheureusement en ruine: seules trois sont habitées, l'une par l'évêque, l'autre par l'archevêque, la troisième par le premier ministre et personne ne semble vouloir les retaper.
Lorsque nous sommes allés faire la queue à l'ambassade des Etats-Unis afin d'obtenir nos visas, nous avons fait la connaissance d'un couple de Trinis, Sybil et Krishnarine, avec qui nous avons sympathisé, et qui nous ont invités à dîner. Les Bassaw sont d'origine Indienne, comme 40% de la population. Nous avons pu goûter le Roti, le plat national, une sorte de crêpe de farine et de beurre, que l'on mange avec de la viande , de la salade, des pois... Nous sommes arrivés le soir d'un match de cricket qui opposait l'Inde aux Caraibes. Les hurlements de Krishnarine au moment de la victoire des Caraibes furent dignes de ceux des français le soir de notre victoire en coupe du monde de foot. Sujet d'importance à Trinidad, plus petit pays selectionné cette année en Allemagne ...
Nous sommes également allés au zoo de la ville, dont je pensais que ce serait un petit zoo peu fourni en animaux rares mais j'ai été surprise : en plus du grand nombre d'aras et perroquets aux couleurs flamboyantes, des tortues de toutes sortes et des singes, le zoo possédait un tigre, trois lions, des crocodiles et divers autres fauves, mais il possédait surtout des serpents. Nous étions en train de les regarder dans le vivarium, bien contents de voir une vitre entre eux et nous, quand un employé du zoo nous apella pour nous montrer une surprise : il avait autour du cou un énorme serpent jaune qui mesurait au moins 3 mètres, et nous proposa de le toucher. Inutile de dire que cette proposition ne déclencha pas un enthousiasme débordant. Petit à petit, nous avons accepté de le toucher, et Maman l'a même porté! Voyant qu'elle n'en mourait pas, j'ai moi aussi accepté, puis ai successivement porté un python royal, un rainbow boa, puis le redoutable boa constrictor. Leur peau ressemble a du plastique, et c'est très amusant de les sentir se tortiller autour de soi.
Enfin, vers la fin de notre séjour, nous avons loué une voiture, et vécu le dimanche après-midi de tout Trini qui se respecte : sur une plage ou nous étions les seuls occidentaux (on adore), nous avons acheté nos bake and shark, des beignets fourrés au requin panné délicieux, contrairement à ce que je pensais. Le soir, nous sommes allés voir pondre les tortues luth, les plus grandes tortues marines du monde. La plage où nous sommes allés était la celle qui accueillait le plus de tortues au monde après la Guyane. Les habitants du village de Matura, situé en bordure de cette plage, ont créé une association pour les protéger : des volontaires viennent observer les arrivées et marquer les tortues qui ne le sont pas encore, en leur insérant une puce électronique et en les baguant. L'association, soucieuse de sensibiliser le public, organise des visites durant lesquels un guide nous emmène dans les zones où l'arrivée d'une tortue est signalée. Quand nous avons rejoint la plage, il nous a montré des bébés qui venaient d'éclore. Ils mesuraient environ 10cm et étaient de vraies miniatures des adultes que nous avons vus après. Nous avons vu une première mère qui tenta de creuser un trou pour y pondre ses oeufs trop près de la mer et dont le travail fut ruiné. Elle dut retourner dans la mer et chercher un autre endroit. Heureusement, nous avons eu plus de chance avec la seconde tortue de la soirée, qui monta assez haut sur la plage pour que son travail n'y soit pas en danger. Après avoir choisi son emplacement, elle aplanit une large zone avant de creuser son trou : avec ses nageoires arrière, elle recueillait du sable qu'elle envoyait au loin avant de recommencer. Une fois que son trou était fini, elle pouvait pondre ses oeufs, qui avaient la consistance extérieure d'un blanc d'oeuf cuit, et la taille d'une petite balle de tennis. Après la ponte, la mère rebouche le trou, puis camoufle les abords de celui-ci afin d'éviter que des animaux ne creusent pour manger les oeufs. Sa dernière contribution à la mise au monde de ses petits s'arrêtant là, elle reprend, épuisée, le chemin de la mer. Les tortues luth pondent environ 100 oeufs par ponte, et pondent 5 ou 6 fois lors de la période de ponte annuelle. Le nombre de tortues arrivant à l'age adulte est très faible, et encore minoré par l'action des hommes qui, par la pollution ou avec des filets de pêche causent la mort d'un grand nombre d'entre elles. Ce spectacle nous a beaucoup émus.
Papa dans la cale moteur
Lisa, la fille de Nigel et sa femmme, bat le record d'age d'enfant vivant en bateau: 15 jours
Quelques unes des magnificent seven
Sybil et Krishnarine Bassaw, avec leur fille, Vishala.
Krishnarine, qui a cette année participé au célèbre carnaval de Trinidad, nous a fait essayer son costume.
Pas très difficile de comparer la taille du bébé à celle de la mère, il faut les regarder par rapport à Sissi ! Si nous devions grandir autant que ces petits bébés, nous mesurerions près de 11m à l'age adulte!
En fourrure, le boa? jamais, je préfère les écailles!
[./whiterings_indexpag.html]
[./escalespag.html]
[Web Creator] [LMSOFT]